Refusant leur place ingrate en fond de scène, certains batteurs sont devenus des stars à part entière en rivalisant d’artifices scéniques, de délires mécaniques ou de tours de passe-passe acrobatiques. Parce qu’eux aussi veulent être vus et aimés du public ! Revue des troupes de ces frappeurs de l’extrême qui ont fait de leur art un spectacle.
Joey Jordison (ex-Slipknot, Murderdolls, Sinsaenum)
Tous les membres du groupe de nu metal américain Slipknot portent un chiffre et ce n’est pas un hasard si Joey Jordison s’était fait attribuer le numéro un quand il officiait au sein de la formation de Des Moines, éclaboussant de sa technique et de son talent les shows cataclysmiques du groupe. Il est l’un des batteurs les plus spectaculaires du rock moderne, compilant à lui tout seul tous les artifices imaginés par ses prédécesseurs. Outre son maquillage de créature infernale, sa batterie peut se transformer en machine délirante. Engoncé dans un siège à baquet, similaire à ceux des pilotes de rallye, Joey se livre à un show mécanique quand vient le moment de son solo. Si le socle de sa batterie peut pivoter à 360 degrés, à l’instar de Neil Peart ou Carl Palmer, la structure s’élève ensuite dans les airs et s’incline à la perpendiculaire du sol. Jordison castagne ainsi les fûts la tête en bas, à grands renforts de spotlights déchaînés, sous les yeux ahuris du public.
Travis Barker (Blink-182, +44, Box Car Racer, Transplants)
Un peu comme dans un parc d’attraction, le batteur du groupe punk Blink-182 propose des numéros démentiels. La structure mécanique à laquelle sa batterie est arrimée est capable d’effectuer les figures les plus vomitives des meilleurs manèges forains, à grands renforts de lumières. Une démesure que seuls les Américains sont capables d’assumer, plaçant les lois de l’entertainment avant toutes les autres.
Alex Gonzalez (Maná)
Surnommé « El Animal », Gonzalez n’est sans doute pas le batteur le plus connu de la planète rock alors que son groupe mexicain Maná officie tout de même depuis la fin des années 1970 et affiche au compteur de nombreux Grammy Awards. Fanfaron et acrobate, l’animal se la joue à la Jimi Hendrix quand il titille sa caisse claire les mains dans le dos ou à la Keith Moon lorsqu’il grimpe sur son tabouret, labourant ses fûts de long en large. Si ses batteries customisées avec des paillettes et autres peintures flashy accrochent l’œil, Gonzales aime les faire décoller grâce à un élévateur, terminant son tour à une dizaine de mètres du sol.
Neil Peart (Rush)
Croulant sous les récompenses pour la qualité de son jeu, le batteur et parolier de Rush est surtout connu pour ses solos spectaculaires. Capable de suivre des signatures rythmiques intenables, celui qui est reconnu comme le meilleur batteur de rock du circuit par ses pairs est aussi un showman impressionnant, à l’image de son instrument bardé de fûts et de percussions exotiques. Sa capacité à désynchroniser ses membres est aussi époustouflante que le stoïcisme qu’il affiche, faisant de lui une référence absolue pour les batteurs contemporains avides de technique et de virtuosité.
Carl Palmer (Atomic Rooster, Emerson, Lake & Palmer, Asia, Qango)
Initialement orienté vers le jazz, le jeu de Palmer s’est enrichi naturellement en basculant vers le rock progressif avec le supergroupe Emerson, Lake & Palmer. Doté d’une technique impressionnante alliée à une maîtrise de tous les styles et à une inventivité foisonnante, Palmer s’impose comme l’un des meilleurs batteurs de l’Histoire du rock. Mais aussi l’un des plus prodigieux en concert. Posé sur une plateforme rotative, le kit de batterie de Palmer est immédiatement reconnaissable grâce à ses deux immenses gongs dressés derrière le musicien. Complété également de nombreuses percussions que le batteur maîtrise grâce à une formation classique, l’instrument accuse un poids estimé à 2,5 tonnes environ. Une contrainte technique majeure qui exige que les scènes où Palmer installe son mastodonte soient renforcées sous peine de s’écrouler.
Alex Van Halen (Van Halen)
Profondément influencé par les monstres sacrés que sont John Bonham, Buddy Rich, Keith Moon ou Ginger Baker, Alex a pu exprimer tous ses délires dans ce groupe tape-à-l’œil qu’est Van Halen, alors que la décennie 1980 encourage toutes les démesures. Au regard du style de la formation et de celui du batteur, on n’est pas surpris d’apprendre qu’elle portait à l’origine le nom de Mammoth. Ce qui aurait pu être le surnom de l’instrument d’Alex, tant son kit (il est fidèle à Ludwig depuis 35 ans) impressionne par sa dimension : six grosses caisses, un nombre impressionnants de pads électroniques, des rototoms (qu’il suffit de tourner sur leur axe central pour régler la hauteur de note)… le tout accompagné au rythme des frappes par des éclairages en pagaille, des explosions, des fumigènes et autres effets pyrotechniques. Une débauche d’effets qui explique que lors des concerts de Van Halen, le solo d’Alex était un événement tout aussi attendu que les séances de tapping de son frère, Eddie.