Loin de faire tapisserie en fond de scène, loin du statut ingrat de faire-valoir rythmique et du rôle d’homme-sandwich portant le nom du groupe sur la peau de la grosse caisse, le batteur est le guide, la fondation du groupe. Il est aussi le musicien le plus lié physiquement à son instrument, tout son corps étant sollicité par sa pratique. Évolutif, expansif, son kit peut être réduit à sa plus simple forme, comme prendre des dimensions gargantuesques comme ceux de Terry Bozzio ou de Mike Portnoy. Dans cette infinité de configurations, quelques batteries ont marqué la légende de cet instrument. Tour d’horizon de ces batteries à l’aura immense.
Gretsch
Véritable référence dans le domaine de la guitare, la marque Gretsch ne l’est pas moins dans celui de la batterie. L’essentiel des affaires de la marque dans les premières années était d’ailleurs concentré sur cette dernière après avoir étrenné son activité avec des banjos et des tambourins. Petite boutique fondée aux USA en 1883 par un immigré allemand, Friedrich Grestch, elle prend de l’envergure à sa mort grâce à l’opiniâtreté de son fils, Fred, qui va développer des guitares de forme archtop pour diversifier l’offre. L’entreprise familiale prendra de l’envergure après-guerre grâce au petit-fils, William, puis Fred Grestch Jr. La légende des batteries Grestch doit beaucoup à sa percée dans le domaine du jazz durant les années 1950 et 1960, quand des musiciens comme Art Blakey, Tony Williams ou Elvin Jones adopteront le modèle orné du fameux « round-badge » original pour ne plus s’en défaire. Puis la marque gagne sa légitimité dans le domaine du rock avec l’appui de Charlie Watts des Rolling Stones notamment, quelques années après la principale évolution technologique de la batterie, le passage de trois à six couches de bois. Puis, Phil Collins au sein de Genesis ou encore plus proche de nous, Brad Wilk avec Rage Against the Machine porteront haut l’étendard de cette batterie versatile au son exceptionnel, délicieusement rétro.
DW Drums
La marque Drum Workshop, ou DW pour les intimes, a des airs de jeunettes en comparaison avec ses consœurs puisque fondée en 1972. On la doit à Don Lombardi qui la développe au sein d’une école de musique au départ, épaulé par l’un des élèves, John Good. Le premier produit musical qu’ils commercialiseront est, détail insolite, un tabouret à hauteur réglable. Son succès est tel que cela permet à la firme de racheter Camco et d’étendre sa gamme avec notamment la fameuse pédale de grosse caisse, la série 5000. Elle sera bientôt rejointe par une double pédale avant que le duo ne développe des kits complets. La marque s’impose par ses éléments d’une qualité exceptionnelle, assurant un son précis et tranchant, et un équilibre tonal parfait. Quant à sa réputation, elle est assurée par le pedigree des batteurs lui étant fidèles, comme Dave Grohl, Chad Smith ou Dominic Howard et bien sûr Neil Peart, dont les kits frisant la démesure sont customisés selon les visuels des albums de Rush (avec une mention spéciale pour celle aux couleurs de Time Machine avec sa base en bronze).
Ludwig
La trajectoire ascendante de Ludwig Musser, de son nom complet, pourrait se résumer à trois noms ô combien centraux dans l’histoire de la batterie rock : Ringo Starr, John Bonham et Alex Van Halen. Et leurs modèles respectifs devenus mythiques sous leurs coups de boutoir : le kit à la finition Oyster Black Pearl, la fameuse Ludwig Vistalite avec ses fûts transparents et son symbole runique sur la grosse caisse, et bien sûr le kit à quadruple grosse caisse du frappeur de Van Halen. Ces modèles aussi mythiques que différents illustrent la diversité de l’offre de cette firme aux ensembles très visuels. Mais c’est surtout grâce à un modèle de caisse claire qu’elle a écrit sa légende, la fameuse Supraphonic LM400, réputée pour être la plus enregistrée au monde.
Pearl
Pearl est la première marque d’importance à avoir constitué un contrepoids de valeur aux firmes américaines qui trustaient le secteur. D’abord limitée au territoire nippon, l’entreprise fondée par Katsumi Yanagisawa en 1946 pour commercialiser des pupitres, s’impose peu à peu comme une référence dans le domaine des batteries au milieu des années 1950. Bientôt, sa réputation de solidité et de polyvalence dépasse les frontières. Surtout, elle s’appuie sur un look à la fois classique et élégant, deux garanties d’un produit indémodable. De nombreux pontes du rock lui feront confiance, installant les silhouettes de ses kits dans l’inconscient collectif : Jeff Porcaro (Toto), Ian Paice (Deep Purple)ou encore le spectaculaire Tommy Lee (Mötley Crüe).
Tama
L’autre marque japonaise légendaire connut une ascension fulgurante dès le milieu des années 1960 grâce aux prix très abordables de ses entrées de gammes, produites en Chine, et qui feront fureur aux Etats-Unis, les modèles haut-de-gamme étant, eux, produits au Japon. Son son particulièrement puissant et bien défini lui assure d’excellentes dispositions pour le metal. Ainsi, elle s’est attiré les faveurs de spécialistes du genre comme Bill Ward de Black Sabbath, John Dolmayan de System of a Down et bien sûr Lars Ulrich de Metallica (avec sa Tama blanche à accastillage noir).