Ça y est, vous avez fait votre choix et jeté votre dévolu sur l’instrument de vos rêves (voici comment choisir un instrument).
Vous vous apprêtez à convoler en justes noces et à vous engager dans une relation à long terme. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’ampoules, de compositions et de concerts… Mais une relation doit se construire sur des bases solides et démarrer prudemment pour s’installer dans la durée et ne pas risquer que l’un des deux (le plus souvent l’instrument) ne finisse piteusement sur le Bon Coin ou dans un magasin d’occasion. Voici quelques conseils pour bien débuter sur votre instrument.
Un lieu dédié
Si votre logement le permet, aménagez-vous un espace spécialement pour la pratique de votre instrument, un endroit au calme, propice à la concentration, pour ne pas être dérangé… et ne pas déranger ceux avec qui vous vivez. Évitez le salon par exemple, lieu de passage et siège de toutes les distractions.
Sous la main
Laissez votre instrument à portée de main (protégé bien sûr et à l’abri des chutes). En grossissant le trait, si vous êtes batteur et que vous rangez votre kit après chaque séance, vous n’allez pas pouvoir lutter longtemps contre la flemme de le réinstaller pour une demi-heure de pratique.
Régularité est mère de progrès
Emporté par la passion et contraint par votre emploi du temps de ministre, vous serez sans doute tenté de consacrer à votre instrument plusieurs heures d’échange passionné d’un seul coup, puis de le mettre de côté pendant quelques jours voire quelques semaines jusqu’à la prochaine bouffée d’inspiration. Mieux vaut s’astreindre à un rythme plus régulier, quotidien dans l’idéal, même s’il ne s’agit que de quelques petites dizaines de minutes. En effet, l’ennemi de l’apprentissage est l’oubli : les nouvelles notions que vous apprenez au début ne deviendront des automatismes que par la répétition. Il vaut mieux dédier une demi-heure par jour à votre instrument plutôt que trois heures d’un seul coup, que vous allez consacrer en grande partie à vous remémorer ce que vous avez appris lors de votre dernière séance, sans pour autant maîtriser ces nouvelles notions.
Slave to the rhythm
Même si vous ambitionnez d’apprendre un instrument en tant que soliste, vous ne pourrez pas faire l’économie de la maîtrise du rythme. Un maçon fait-il l’économie de fondations ? Un armateur de la cale d’un bateau ? On ne peut le mettre de côté en se disant qu’on laisse ça au bassiste et au batteur. Investissez dans un métronome, traditionnel, électronique ou en appli, vous vous rendrez vite compte que de son utilité. Les notions de tempo, d’accentuation de certains temps, de placement, de gestion des silences font partie de l’ADN des compositions que vous apprenez, au même titre que les deux autres piliers de la musique : la mélodie et l’harmonie (les accords). Changez l’un de ses curseurs et vous obtenez une toute autre chanson.
Quand vous serez à l’aise avec différents rythmes, vous pourrez en faire un jeu, reprendre des morceaux metal façon reggae, un titre reggae sur un air de valse, etc. Certes, en attendant, nous ne sommes pas tous égaux face à la notion de rythme, selon qu’il est instinctif chez vous, que vous avez un esprit cartésien ou pas du tout. Pour les plus réfractaires, cela peut être compliqué mais essayez de vous inventer des repères imagés qui vous simplifieront ces notions. Par exemple, vous pouvez penser une mesure comme une boîte dans laquelle on ne peut placer que quatre cubes au maximum et qui doit toujours être pleine. D’un coup, les mesures en 3/4 et 4/4 vous paraîtront moins barbares.
Du soin dans le son
La musique ne pardonne rien, elle ne s’accommode pas de l’à-peu-près. Si une note ou un accord ne sonne pas correctement, que des bruits parasites la pollue, c’est qu’il y a quelque chose que vous ne faites pas correctement. L’erreur fatale serait de mettre le problème de côté en se disant que ça viendra avec le temps. Si vous, batteur, touchez le cercle quand vous devez frapper au milieu du fût ou que vous, bassiste ou guitariste, positionnez votre doigt en plein sur une frette, vous devez de suite corriger ces erreurs de placement au risque d’en faire des automatismes. L’erreur serait de penser que la propreté de votre jeu n’intervient qu’en bout de chaîne de l’apprentissage. C’est tout le contraire.
Ménagez-vous des parenthèses
Ne vous abreuvez pas inconsidérément de théorie, votre allant et vos bonnes résolutions risqueraient de s’éroder plus rapidement qu’un bonhomme de neige par 40°. Alternez avec des séances récréatives, en apprenant à jouer des chansons connues simples à exécuter. Ces séances intermédiaires vous permettront de souffler, de ne pas perdre de vue l’objectif premier qu’est le plaisir de jouer, de démontrer vos progrès auprès de vos proches (il est toujours plus valorisant de savoir jouer une chanson des Beatles qu’une gamme chromatique), et surtout, d’évaluer l’effet immédiat de votre apprentissage sur des exemples concrets. Par exemple, si vous êtes guitariste et que vous échinez sur la maîtrise des barrés, vous pourrez évaluer tout de suite leur bonne exécution sur un morceau simple, comme un titre de Nirvana, que vous connaîtriez parfaitement. Si ça ne sonne pas du tout comme l’originale, c’est qu’un élément pêche quelque part.
Une banque virtuelle
Écoutez un maximum de musique, de préférence comportant votre instrument exploité dans des contextes variés, en accompagnement, en tant que soliste, en tant qu’ornementation, etc. Votre cerveau va emmagasiner des informations dont vous n’avez pas forcément conscience sur le coup, mais qui constitueront une véritable banque musicale dans laquelle vous puiserez inconsciemment des enchaînements d’accords, des combinaisons harmoniques, etc.